Chronique-ciné n°2 (10 films)
écrite le 03/01/2012
Association criminelle (The Big Combo) de J.H. LEWIS (1955) 2*
Un chouette polar bien noir et très cru (en comparaison de beaucoup d'autres) avec des éclairages très contrastés et un brume omniprésente. Une belle scène de torture (avec un moyen original que je vous laisse découvrir) ; Richard Conte (que j'avais beaucoup aimé dans "La maison des étrangers" de Mankiewicz) est très convaincant en méchant. Il faut également noter la présence du jeune Lee Van Cleef (la brute dans "Le Bon, la brute et le truand"), l'intensité de la musique jazz et l'allusion, au début du film, à un cycle de concerts autour de Beethoven donné par Horowitz. Une importante faiblesse tout de même : les ressorts du scénario paraissent un peu dépassés aujourd'hui.
Ils étaient trois (These Three) de W. Wyler (1936) 1*
Un mélo tout ce qui a de plus mélo, avec deux femmes qui aiment le même homme (J. Mc Crea que l'on connait mieux par ses rôles dans les westerns). Elles ouvrent une école et une élève fait tout pour les déshonorer. Ce film est noté 4 étoiles dans le "guide des films" mais il ne les vaut pas du tout, je suis resté trop étranger à cette histoire. Malgré la beauté de Merle Oberon.
Des amis comme les miens (Such Good Friends) de O. PREMINGER (1971) 2*
Un film sur l'intelligentsia new-yorkaise des années 70 (écrivains, médecins, journalistes, photographes, homosexuels, coureurs de jupons, mères de famille etc...). Du pré-Woody Allen avec un dose d'amertume en plus. Je l'ai vu sans sous-titres et pense être passé à côté de 3/4 (au moins) des dialogues, ce qui ne m'a pas permis de goûter pleinement à ce film.
Chambre avec vue (A Room with a View) de J. IVORY (1986) 2*
Très belle adaptation d'un roman de E.M. Forster avec des acteurs britanniques impeccables (notamment Denholm Elliott qui joue le rôle du directeur de musée dans Indiana Jones ainsi que l'extraordinaire Maggie Smith qui interpréta le rôle principal dans l'inoubliable "Les belles années de Miss Brodie" 4*). Tout sonne juste et on se sent à son aise dans ce monde d'anglais fascinés par la Toscane. Le film est tout de même à placer au-dessous de "Retour à Howards End" et des "Vestiges du jour" du même réalisateur.
Le silence de la mer de J.P. MELVILLE (1947) 3*
Un film très particulier, le premier de Melville, d'après un roman de Vercors (grand résistant) faisant référence à des faits réels. Fascinant Howard Vernon dans le rôle de l'allemand, envahisseur poli et lyrique. J'ai trouvé l'atmosphère de la pièce (dans laquelle se passe la quasi-totalité du film) très forte, très attachante, dès le début et j'ai appris par la suite qu'il s'agissait de la pièce même dans laquelle Vercors à vécu et écrit se livre. Un film déroutant.
Pygmalion de A. ASQUITH (1938) 1*
Pour ceux qui ne connaissent pas "My fair lady" de G. Cukor (ce qui est mon cas), la découverte de la pièce (adaptée au cinéma) de Bernard Shaw est pleine d'intérêt. Les acteurs sont bons et la réalisation très soignée. Le film souffre de passages un peu lent. Quoiqu'il en soit, le film reste assez décevant pour moi qui ai découvert Asquith avec "La version Browning" 4*, un chef-œuvre de sensibilité.
Reflet dans un oeil d'or (Reflections in a Golden Eye) de J. HUSTON (1967) 3*
Un grand film. L'histoire de Carson Mc Cullers (celle qui a écrit "Le cœur est un chasseur solitaire", bouquin majeur) est très originale et tendue. La composition de Marlon Brando est époustouflante de fragilité derrière sa rigueur militaire. Tout le film est coloré d'une teinte jaune/dorée mis à part quelques tâches de couleur. Décidément, Huston est un immense bonhomme qui transcende totalement le réel (voir chronique n°1).
Pirate des caraïbes IV de R. MARSHALL (2011) 2*
Un bon moment, dans la lignée des précédents opus. Un peu de lassitude pour ma part sachant que voir ce film sur un écran de télé ne l'aide pas à prendre sa dimension de film à grand spectacle. J'ai préféré le numéro III.
Drive de N. WINDING REFN (2011) 3*
Une révélation. J'avais déjà vu un film de ce réalisateur ("Le guerrier silencieux" avec Madds Mikkelsen qui joue aussi à merveille le rôle du "Chiffre" dans "Casino Royale") où l'on pouvait sentir qu'il poussait certaines limites sans se préoccuper de plaire (avec de longs plans où il se passe peu de choses). Avec "Drive", il franchit semble-t-il une étape supplémentaire avec un film quasi-parfait : la musique est hypnotique, le scénario est bon, le parti-pris très esthétique s'avère d'une sensibilité fascinante (des ralentis incroyablement maîtrisés, des choix déconcertants dans les prises de vue de certaines scènes qui auraient dû être banales et deviennent troublantes) et les acteurs sont excellents (notamment l'énigmatique Ryan Gosling). Pour ceux qui veulent aller plus loin, lisez la critique du film par Alice Leroy sur Critikat qui en parle à merveille et sais dire ce que je n'aurais pas pu exprimer (http://www.critikat.com/Drive.html).
Transamerica express (Silver streak) de A. HILLER (1976) 2*
Une fort sympathique comédie qui se déroule dans un train, dont j'ai lu (sans l'avoir ressenti) qu'elle était remplie de clins d'oeil à Hitchcock. On se marre bien, l'acteur principal (Gene Wilder) est vraiment très original, la musique de Henri Mancini (qui a signé beaucoup de musiques pour Blake Edwards) est comme toujours très séduisante et le scénario enlevé. Pour les fans de James Bond : la présence de Richard Kiel qui joue le rôle du méchant au dents d'acier dans "Moonraker"
0* = indigeste, à ne voir sous aucun prétexte
1* = visible mais dispensable
2* = bon film
3* = grand film, voire très grand film
4* = inoubliable (mais cette part d'inoubliable qui n'a rien à voir avec la qualité du film, plutôt avec le moment auquel on le regarde, ou les personnes avec lesquelles on le regarde. Bref, du totalement subjectif).