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Chronique-ciné n°4 (10 films)

écrite le 3/02/2012

La chevauchée fantastique (Stagecoach) de John FORD (1939) 3*

L'archétype du western : cette pensée affleure très rapidement et se voit largement confirmée après la lecture de quelques critiques patentés. Ce qui m'a frappé, avant tout, c'est la présence de tous les personnages qui symbolisent la conquête de l'ouest : le banquier, la prostituée, le cow-boy, le joueur, le médecin, les indiens, le conducteur de diligence... J'ai pensé que c'était une démarche de synthèse tellement la chose était flagrante. Il n'en est rien : c'est le premier des westerns modernes. Le premier de Ford avec John Wayne. Un acte fondateur donc. Tout fonctionne bien dans cette traversée en diligence (j'ai lu quelque part que Ford s'est inspiré de "Boule de Suif" et c'est absolument vrai. Du coup, je ne peux que vous recommander de voir le "Boule de Suif" de Christian-Jaque, un chef-d'œuvre de rythme et de présence). Seule ombre au tableau, des indiens faire-valoir (ils tombent comme des mouches) dans une attaque où (même si Wayne a fait toutes les cascades lui-même) on se demande comment ils ne touchent presque personne. C'est improbable et l'on n'y croit pas du tout.


Sin City de F. MILLER et R. RODRIGUEZ (2005) 2*

Bon film d'action. Pas plus. Pas moins non plus. Le parti pris esthétique (style BD) est assez chouette mais n'a rien de prodigieux. Les histoires sont inégales. Celle avec Mickey Rourke surclasse les autres (cette histoire a vraiment de la gueule). Celle avec Bruce Willis est bof. J'ai quand même passé un bon moment de divertissement.


Night Moves (La Fugue) de Arthur PENN (1975) 1*

... j'ai eu du mal a comprendre le propos du film. L'histoire (une enquête d'un privé sur la fugue d'une jeune fille) a certes peu d'importance mais le reste non plus. C'est vrai que Gene Hackman est bon, très bon, et son personnage (ses doutes, son couple etc...) est la véritable préoccupation du réalisateur. Mais finalement qu'est-ce que cela sert ? Vous pourrez peut-être me donner votre sentiment.


Chronique d'un été de Jean ROUCH et Edgar MORIN (1960) 2*

Un documentaire sur la France des années soixante, ses traumatismes (la guerre n'est pas bien vieille), ses aspirations (la question principale posés aux gens : "Êtes-vous heureux"). Tout un monde, certes choisi en fonction des personnalités de Morin et Rouch (plutôt "de gauche" pour faire court). Surtout beaucoup d'humanité. A voir et à discuter.


Rashomon de Akira KUROSAWA (1950) 3*

Un grand film, bien sûr. Je retiendrai, plus que l'histoire (étrange et assez fascinante), les travellings en forêt avec les rayons du soleil qui irisent l'image et floutent les arbres. Ce sont des moments très forts qui ne sont pas sans rappeler (si on anticipe la chronologie du cinéaste) "Dersou Ouzala", de part l'attachement que l'on peut sentir chez Kurosawa pour la nature et ses mystères. J'oserais pour les mélomanes un rapprochement avec les œuvres de Takemitsu (qui a signé quelques musiques de film dont celle de "Ran" du même Kurosawa) et notamment "In the Woods" ("Dans les bois") sa dernière œuvre. Quant à la musique de "Rashomon", c'est tout simplement ... un autre Bolero de Ravel ! La façon dont l'auteur a pillé le Bolero est incroyable. Mais cette musique en devient troublante d'ambiguité. L'acteur Mifune est superbe.


Charulata de Satyajit RAY (1964) 3*

Fabuleux climat créé par Satyajit Ray, dès l'ouverture du film, très réussie. Tout tourne autour de l'actrice Mukherjee qui m'a bouleversé. L'histoire (d'amour, de désamour, de trahison) n'a, en apparence, rien d'exceptionnel mais la réalisation la transcende. La construction est parfaite avec un point culminant lors du concert de musique indienne (importance capitale de la musique cf l'incontournable "Salon de musique" du même réalisateur). C'est merveilleux.


Il posto de Ermanno OLMI (1961) 3*

Je ne me souviens plus de tout ce que j'ai pensé en visionnant ce film (mon premier de Olmi, cinéaste très engagé dans le documentaire) mais il m'a touché profondément. C'est vrai que je suis sensible au cinéma italien, à sa façon de parler de la société à travers la vie quotidienne. J'étais donc bien disposé vis-à-vis de cette histoire qui raconte le premier emploi d'un jeune homme dans une administration milanaise et sa rencontre avec une jeune fille dans le même cas que lui. Mais Olmi introduit quelque chose de très très personnel : une dimension de pudeur, un regard distancié (quasiment tout est filmé de loin, à travers une sorte d'objectivité (fausse bien sûr), comme si le spectateur ne pouvait entrer en empathie avec les personnages). L'humour (désenchanté), l'absence de misérabilisme, les acteurs (le jeune Sandro Panzeri, parfait, n'a pas vraiment l'air à sa place, il vit tout cela d'un œil étonné) sont les piliers d'un équilibre complexe à obtenir.


Ceux de la zone (The Man's Castle) de Frank BORZAGE (1933) 2*

Un film sur les déshérités qui habite les "zones" (comme celle qui séparait Paris et la banlieue). Le personnage principal campé par Spencer Tracy est vraiment intéressant car Dandy dans l'âme et épris de liberté. J'aime moins Loretta Young (déjà vue et déjà pas complètement enthousiasmante dans "Le criminel" de Welles). De drôles d'élipses dans le scénario (elle pleure ; il part ; il revient ; elle lui dit qu'il est libre ; ils se marient, le tout en deux minutes). Au final, l'histoire est un peu simpliste mais belle. Humaine, ce qui est déjà pas mal.


Viol en première page (Sbatti il mostro in prima pagina) de Marco BELLOCCHIO (1972) 2*

Voici ce que dit le personnage joué par Gian Maria Volonte (l'Acteur du cinéma politique italien : je ne résiste pas au plaisir de citer pêle-mêle : "Main Basse sur la ville", "Lucky Luciano", "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon", "le Christ s'est arrêté à Eboli" inoubliable chef-d'œuvre, "Les hommes contre") : "Goebbels écrivait dans son journal que les masses sont toujours plus primitives que l'on imagine. La propagande doit rester très simple. Se baser sur la technique de la répétition. Les agences de publicité américaines n'en emploient pas d'autre." Un film fort et implacable.


L'opéra de Quat'sous (Die Dreigroschenoper) de G.W. PABST (1931) 3*

Superbe adaptation à mi-chemin entre le muet et le parlant (tout le jeu est encore "muet" malgré le son). Les décors, largement expressionnistes, sont un régal pour les yeux, l'histoire formidable, la musique no comment et le propos essentiel. Un chanteur de rue : "Tu vois, de cette vie, l'homme en exige trop. Il se croit du génie et ne flatte que son ego."



0* = indigeste, à ne voir sous aucun prétexte

1* = visible mais dispensable

2* = bon film

3* = grand film, voire très grand film

4* = inoubliable (mais cette part d'inoubliable qui n'a rien à voir avec la qualité du film, plutôt avec le moment auquel on le regarde, ou les personnes avec lesquelles on le regarde. Bref, du totalement subjectif)

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